« Hygiène de vie : sommeil et alimentation »

Nom de votre expérimentation « Hygiène de vie : sommeil et alimentation »
Nom de votre structure Mission Locale Jeunes du Bassin Chambérien
Nom du référent(s) de expérimentation Bérengère Millon
Date de début de l'expérimentation 04.03.2024 - 14:00
Date de fin de l'expérimentation 08.04.2024 - 16:00
Les partenaires mobilisés
(Ce qu'ils ont fait/leurs métiers et leurs coordonnées)
Chloé Ripoll- Neuropsychologue: Animation de l'atelier sur le Sommeil
Sylvie Pent- Sophrologue: Animation de l'atelier Sophrologie
Sylvianne Ferrieux-Frison: Animation des 2 ateliers Nutrition
http://www.dieteticienne-chambery.fr
Nombre de jeunes de 11-15 ans 0
Nombre de jeunes de plus de 18 ans 16
Votre constat de départ Les 2 psychologues de la Mission Locale Jeunes constatent dans le cadre du suivi qu'elles proposent que les jeunes présentent des problématiques autour de l'hygiène de vie et particulièrement concernant l'alimentation et le sommeil. Les jeunes expriment des difficultés d'endormissement ou des réveils nocturnes, qui peuvent s'expliquer pour différentes raisons parmi lesquelles : un état psychologique particulier (dépression, anxiété), un rythme peu ou pas adapté aux besoins de sommeil, une addiction (aux jeux vidéos et/ ou une consommation de produits). Ces difficultés ont un impact important dans la vie des jeunes et entraîne un décalage dans la vie quotidienne qui peut créer de vrais freins à l'insertion socioprofessionnelle.
Les habitudes alimentaires des jeunes sont aussi un sujet. En effet, à notre échelle 36% des jeunes suivis ont souvent des rythmes altérés autour des repas, un manque d'équilibre dans leur menu (encore une fois pour différentes raisons: financières et les habitudes familiales). Ces habitudes alimentaires peuvent avoir des effets sur le sommeil (entraîner des réveils nocturnes) ainsi que sur l'ensemble de la santé d'un jeune (notamment lorsque cela entraine des carences.)
Ce qui a été fait dans l'expérimentation
(Les étapes réalisées)
Lundi 4 mars : Café santé : Information Collective

Lundi 11 mars : Atelier sommeil

Mercredi 13 mars : Atelier Sophrologie

Lundi 18 mars : Atelier Nutrition

Mardi 26 mars : Atelier Nutrition

Lundi 8 avril : Atelier Bilan
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Ce que l'expérimentation a permis pour les jeunes
(Expliquez nous votre méthode d'évaluation en lien avec vos critères/indicateurs)
Nous avons évalué l’impact de ces ateliers auprès des jeunes à partir de questionnaires et de deux temps d’échange de groupe.

Ces questionnaires consistent en un questionnaire élaboré par la Mission Locale en lien avec notre démarche, nos critères et nos indicateurs ainsi qu’une Echelle de bien-être mental de Warwick-Edinburgh (WEMWBS). Les participants ont répondu aux questionnaires lors d’une séance d’information (avant d’avoir réalisé les ateliers) et lors d’une séance “bilan” à la suite des ateliers.

Un questionnaire pré-atelier : L’idée étant ici d’avoir un constat de départ concernant les thématiques proposées (Sommeil/Alimentation/ Stress), connaître où ils se situaient sur ces dimensions, quel impact cela avait sur leur vie professionnelle et sociale, qu’est-ce qu’ils souhaiteraient voir évoluer et questionner les leviers pour une amélioration.

Un questionnaire post-atelier qui permet de faire le point sur ce qui a été fait, vécu, quel effet cela a pu avoir sur leur rapport au sommeil et à la nutrition et comment cela peut être source de changement.

L’échelle de bien-être mental permet d’aborder le bien-être psychologique qui contribue à l’état de santé général.

Le temps d’échange de groupe a été organisé dans l’objectif de recueillir le vécu des participants avec le support du groupe.

Le premier temps d’échange a eu lieu avant les ateliers (le 4 mars 2024), il a permis de présenter le projet, d’aborder les thématiques, rechercher les attentes des participants et proposer des règles de vie de groupe.

Le deuxième temps d’échange a eu lieu à la suite des ateliers (le 8 avril 2024). Il a permis de recueillir l’état d’esprit des jeunes en post atelier, refaire le point sur leur vécu par rapport aux thématiques du sommeil, du stress et de la nutrition et mettre en évidence l’impact de ces ateliers sur leur santé globale.
Ce que l'expérimentation a permis pour les jeunes
(Qu'est ce qui a bougé/ qu'est ce que l'expérimentation a permis)
Qu’est ce qui a bougé chez les jeunes ?

Pour mettre en évidence ce qui a bougé chez les jeunes, nous allons nous intéresser dans un premier temps aux premiers critères de nos deux indicateurs. A travers ces ateliers, nous cherchions à avoir un impact sur :

Le mieux-être des jeunes à travers un changement sur leur sommeil et leur alimentation

L’ensemble du groupe décrit une amélioration du sommeil, tant en termes de qualité que de quantité. Ils prennent mieux en compte leur cycle et leur rythme de sommeil, ce qui leur permet d’être plus en lien avec leurs besoins.

Ils parlent aussi d’une amélioration dans leur comportement alimentaire (manger, cuisiner) et qui semble avoir un impact intéressant sur leur propre regard et leur perception de la vie quotidienne. Ils disent avoir une prise de conscience sur les bienfaits de bien manger : cela leur apporte une satisfaction, du plaisir, moins de culpabilité, de l’énergie et moins d’irritabilité.

On perçoit le fait que de prendre soin de son corps permet de prendre soin de soi, et de favoriser un réinvestissement de soi, de mieux se connaître en connaissant mieux nos besoins physiques. Cette approche crée un dynamisme chez les jeunes et une impulsion pour aller plus loin dans leur environnement.

Le bien-être des jeunes a évolué au cours de ces ateliers d’après les scores à l’échelle de Bien-être, il est évident que ce changement est multifactoriel et ne provient pas uniquement des ateliers. Néanmoins quelques éléments peuvent être pris en compte dans l’analyse de ce score, notamment le plaisir (retrouvé dans le lien avec la nourriture), le sentiment de satisfaction par rapport à notre capacité d’agir, le sentiment de connexion (se sentir relier) grâce à la dynamique de groupe qui sont autant de facteurs influençant les dimensions de bien-être.

La reprise d’un rythme favorisant l’intégration sociale

L'amélioration de leur sommeil leur permet une meilleure efficacité pendant la journée : moins de fatigue, plus d’énergie et de dynamisme. Ils mettent en évidence qu’ils arrivent à être plus dynamiques pendant la journée, et faire plus d’activités (rendez-vous/ sport).

Une jeune décrit qu’elle a maintenant une meilleure vision de ce qu’elle peut manger en lien avec son petit budget (une préoccupation importante chez les jeunes). Cet élément permet aux jeunes de créer une adéquation entre ce qu’ils peuvent et veulent faire. Enfin le fait de faire attention à ce que l’on mange permet de re installer un rythme dans sa journée, d’installer une routine qui permet de se cadrer, de se structurer.

Ce que l’expérimentation a permis pour les jeunes ?

A travers l’analyse de ce que l’expérimentation a permis pour les jeunes, nous pourrons parler de nos derniers indicateurs impactés dans l'expérimentation : le pouvoir d’agir et la capacité de transmission.

En effet ce qui ressort, en lien avec notre proposition et les attentes des jeunes, c’est que ces ateliers ont permis de leur apporter des connaissances et du contenu sur ces deux thématiques. (Sur les cycles de sommeil, les rythmes, les signes... ainsi que sur l’alimentation : les qualités nutritives des aliments, l’approche budgétaire, les repères internes...). L’apport de connaissance a permis un sentiment de compétence (on connait mieux/ plus), il renforce donc la croyance dans sa capacité d’agir. Ils évoquent également que le fait d’avoir eu envie de partager ces connaissances et de les transmettre. Par exemple, une jeune parlait du fait qu’elle avait aidé une de ses amies autour de la question du sommeil.

Ces ateliers ont permis aux jeunes de vivre une expérience forte de groupe. De façon unanime, ils ont insisté sur l’importance du groupe et leur vécu à savoir de sentir reconnu, moins seul, soutenu, de vivre de l’entre aide à travers les conseils et idées qui ont pu être partagés. Le groupe apparait alors comme un vecteur de changement et une source de motivation, ce qui a contribué à l’impact en matière de santé.

Enfin ils expriment le fait que l’engagement dans ces ateliers, avec un rythme soutenu (une fois par semaine pendant 6 semaines) a créé une dynamique et favorisé une impulsion.
Ce que l'expérimentation a permis pour les professionnels
(Expliquez nous votre méthode d'évaluation en lien avec vos critères et indicateurs)
Pour les professionnels, le critère d’évaluation principal de réussite de l’expérimentation est la fréquentation des ateliers et l’investissement des jeunes au sein de ces ateliers. Sur 19 personnes inscrites pour le “café santé” (l’information collective), 13 personnes étaient présentes, et 8 personnes ont participé de façon régulière (1 absence en moyenne à chacun des ateliers) et se sont investies dans le processus de bilan. Sur les 19 inscrits, nous avons touchés 16 jeunes avec les ateliers (3 d’entre eux ayant participé à aucun), 3 jeunes ont participé de façon indépendante à l’atelier de sophrologie.

D’après l’effet rapporté sur les jeunes, les ateliers pourraient soutenir la démarche des conseillers dans la mise en dynamique des jeunes, la mobilisation via la venue aux rendez-vous, la prise d’initiative.

Nous avons abordé les changements chez les professionnels en groupe lors d’une réunion avec l’ensemble des membres de l’équipe de conseillers.
Ce que l'expérimentation a permis pour les professionnels
(Qu'est ce qui a bougé/ qu'est ce que l'expérimentation a permis)
Pour l’ensemble des conseillers, ces ateliers santé ont permis d’aborder plus facilement la thématique de la santé auprès des jeunes qu’ils accompagnent: lorsqu’une proposition existe sur un sujet annexe cela légitime le faire de pouvoir en parler. Pour certains conseillers, cela peut constituer un levier sur le fait de prendre soin de soi, dimension importante dans la démarche d’insertion. Cette proposition apporte une alternative à l’accompagnement psychologique (proposé en interne), ou un premier pas vers cette démarche. Au vu des problématiques que nous rencontrons auprès de notre public, ces ateliers sont venus soutenir les conseillers dans leur accompagnement.

La santé est une dimension bien prise en compte au sein de la Mission Locale, dans la dynamique d’un accompagnement global, des bilans de santé sont proposés depuis longtemps. En revanche, actuellement l’ensemble des conseillers constatent que le sujet de la santé prend beaucoup de place dans la vie des jeunes. Ce constat entraîne la question de la place de la santé dans le diagnostic réalisé par les conseillers.

Pour les psychologues, aborder la santé sur l’aspect des besoins physiques (besoins primaires) est très intéressant, et permet de remettre en perspective l’importance de la prise en compte ses besoin, qui participe à prendre soin de soi et peut favoriser un meilleur sentiment de bien-être. Aborder la santé mentale sur un nouvel axe peut faciliter l’accès aux jeunes.
Ce que l'expérimentation a permis pour la structure
(Expliquez nous votre méthode d'évaluation en lien avec vos critères/indicateurs)
La méthode d’évaluation était moins claire au niveau de la structure. Les professionnels sollicités (les conseillers généralistes et les conseillers CEJ) représentent la structure et particulièrement l’accompagnement proposé aux jeunes. La Mission Locale Jeune a pour mission de procurer un accompagnement “global” auprès des jeunes de 16 à 25 ans. Il est entendu que dans le cadre de l’accompagnement à l’insertion socioprofessionnelle, la structure via les conseillers prend en compte l’ensemble des domaines de la vie du jeune, du projet d’orientation à la démarche de recherche d’emploi, jusqu’ à l’aide sur le logement et la santé. Une référence sur le sujet de la santé est mise en place depuis très longtemps au sein de la structure. La conscience de la prise en compte de ce sujet existe donc, et l’offre de proposition qui s’étoffe la montre.
Ce que l'expérimentation a permis pour la structure
(Qu'est ce qui a bougé/ qu'est ce que l'expérimentation a permis)
Jusqu’à maintenant le sujet de la santé avait été “externalisé” à travers les “bilans de santé” proposés par la CPAM. Les ateliers santé constituent une offre d’accompagnement gérée en interne ce qui favorise l’engagement des équipes sur ce sujet et l’utilisation de ces ateliers par les conseillers (via l’orientation des jeunes et leur retour sur ceux-là). Cela montre également comment la structure s’empare de ces sujets.
Les résultats de votre expérimentation
(Écarts ou non écarts entre votre constat de départ et les résultats, ce qui est vérifié/ consolidé ou non etc.)
Nous pouvons analyser les résultats aux questionnaires de 7 personnes qui ont répondu avant les ateliers et après, cela nous ne donne un aperçu de l’impact de ces interventions sur les jeunes (nous avons privilégié ce petit groupe qui apparaît avoir le plus participé aux ateliers et s’être le plus engagé).

Nous pouvons observer que pour 5 d’entre eux leur rapport au sommeil et à la nutrition a évolué au cours des ateliers. En fonction des personnes, ce sera le sommeil ou la nutrition pour lequel les effets sont sensibles. Pour 2 personnes, il n’y a pas d’évolution voire une régression sur la nutrition. Les résultats de ces questionnaires ne sont pas très significatifs, l’impact sur leur comportement et l’idée qu’ils s’en font n’est pas vraiment démontrés. Nous pouvons questionner la durée de l’expérimentation dans la mise en place de changement. Il semble que ces ateliers ont davantage favorisé une prise de conscience sur ces sujets, et la mise en place de quelques outils ou éléments pour améliorer ces domaines. Il faut également noter que le sommeil comme la nutrition sont très interdépendants de l’état de santé psychique globale, nous avons pu remarquer dans les commentaires des jeunes que cela avait pu influencer leur santé mentale et à l’inverse que leur état influençait le sommeil et la nutrition voire freinait le processus de changement.

Les résultats plus marquants sont ceux de l’échelle de bien être, en effet on remarque une amélioration de ce sentiment sur les 7 personnes interrogées. La moyenne des réponses étant passée de 35 à 43 ce qui nous montre une évolution de 8 points en moyenne. Cette échelle nous permet de voir l’effet de ce type d’intervention, et nous montre l’impact positive. Elle est particulièrement intéressante dans le cas de notre expérimentation “courte” et “intense” car elle sollicite les personnes sur leur vécu des deux dernières semaines. Être engagés dans une démarche de développement personnel, au sein d’un groupe, d’une structure participent en tant que tel au bien-être. La question du type d’intervention, ainsi que la durée impactent souvent l’effet des interventions. D’autre part dans notre cas, en l’absence de groupe contrôle il est difficile d’établir l’impact direct des interventions.
Votre rapport d'étonnement
(Ce qui vous a surpris, ce qui a fonctionné et/ou dysfonctionné etc.)
Ce qui a été particulièrement marquant pour nous au cours de cette expérimentation c’est de voir comment les jeunes se sont emparés de cet espace et le groupe qu’ils ont constitué. Le groupe a été source de motivation, d’engagement dans les ateliers et il a suscité l’envie chez les jeunes de changer. Ils décrivent de façon unanime l’importance du groupe à leurs yeux, le bienfait de pouvoir échanger avec des personnes qui ont un vécu commun, et le cadre bienveillant qui a pu être installé et qui a été d’un fort soutien. Cette expérimentation met en évidence pour nous le besoin de lien social chez les jeunes, qui peuvent être souvent isolés, et isolés avec leurs problématiques. Le groupe participe également à un lieu de reconnaissance identitaire.

Notre proposition à travers cette expérimentation était l’apport de connaissance sur ces sujets du sommeil, du stress et de la nutrition. Il ressort que cela constitue un atout important de ces ateliers pour les jeunes. Ils sont curieux, ils ont envie de connaître, de développer des connaissances sur des sujets qui les concernent, leur appartient (et sont peu mis en avant dans le cadre scolaire). La connaissance semble leur apporter un certain pouvoir d’agir à travers la réappropriation du contenu au regard de leur propre expérience. Le contenu apporté leur apporte une meilleure connaissance, une meilleure compréhension de leur corps et de leur vie. Les outils ont apporté du concret pour certains notamment en sophrologie et en nutrition.

Les dysfonctionnements se situent autour de ce paradoxe : comment construire un cadre défini et sécurisant tout en pratiquant une expérimentation sur la santé dans une structure d’insertion socioprofessionnelle ?

N’étant pas certaines de la popularité de la proposition et ayant conscience des difficultés de mobilisation, nous n’avons pas fixé de règles précises sur la participation aux ateliers, nous avons seulement incité les jeunes à faire au moins deux ateliers correspond à chaque domaine (Sommeil, Sophrologie et Nutrition). Plus particulièrement, la participation a été aléatoire (certains sont venus à seulement un atelier) et a entraîné une gêne au sein d’un petit groupe qui se sentait plus impliqué. L’atelier de Sophrologie a été victime de son succès, et cela a pu gêner certaines personnes pour se sentir à l’aise. Nous avons également eu le retour qu’il y avait trop de monde à la première séance d’information collective, ce qui a mettre mal à l’aise certains jeunes.

Le fait de faire intervenir des personnes extérieures peut compliquer l’adéquation entre l’intervenant et les attentes du groupe. En effet nous avons fait le lien avec les intervenants, néanmoins la connaissance relative du public de la Mission Locale peut avoir gêner l’alliance pendant l’atelier, et la prise en compte de leur particularité.

Est ce qu’il y a trop d’ateliers, pas assez, plus étalés ?
La suite
(Quels sont les éléments dont vous vous saisissez et comment vous imaginez la suite)
Il y a une forte attente de pouvoir proposer un lieu d’échange et de réflexion sur des sujets qui touchent les jeunes notamment autour de la santé mentale : l’impact de l’état psychique sur le rapport à la nutrition, nutrition et écologie, petit budget et régime actuel, la gestion des émotions, la connaissance de soi, anxiété- stress.