Expérimentation "A ciel ouvert", une expérience de classe dehors avec les 6e2 du collège de Bissy

Nom de votre expérimentation A ciel ouvert
Nom de votre structure Mountain Riders
Nom du référent(s) de expérimentation Violette Poitou
Date de début de l'expérimentation 23.11.2023
Date de fin de l'expérimentation 22.06.2024
Les partenaires mobilisés
(Ce qu'ils ont fait/leurs métiers et leurs coordonnées)
Nos partenaires dans cette expérimentation sont :
Le collège de Bissy, qui nous a permis de réaliser cette expérimentation dans son établissement.
Les enseignantes du collège de Bissy Mme Mènot (Français- clemence.menot@ac-grenoble.fr) et Mme Castanet (SVT- stephanie.castanet@ac-grenoble.fr) qui accompagnent leur classe de 6e2 dans ce projet.
Le département, qui finance et nous accompagne dans ce projet
Julianne Baiutti, Etudiante en M2 de sociologie, qui a suivi de près le projet, qui a accompagné la classe sur quelques séances et qui m’a aidé dans la mise en place des critères et indicateurs d'évaluation de cette expérimentation.
Nombre de jeunes de 11-15 ans 22
Votre constat de départ Depuis quelques années, nous entendons ici et là que le contact avec la nature a un effet bénéfique sur la santé et que, a contrario, sans fréquenter la nature nous allons moins bien. Nous en avions l’intuition… et beaucoup l’ont oublié : l’environnement d’aujourd’hui, c’est la santé de demain. Maintenant, nous pouvons commencer à nous appuyer sur des études qui le démontrent.

Venant d’Amérique du Nord, une idée fait son chemin : celle du « Syndrome de manque de nature » (traduit du livre de Richard Louv : « Last Child in the Woods: Saving Our Children From Nature-Deficit Disorder »). Ce concept est parti de nombreuses observations aboutissant à une hypothèse : en passant plus de temps cloisonnée, loin de la nature, l’humanité s’expose à de nombreux problèmes physiques et mentaux (Obésité, maladies cardio-vasculaires, diabètes de type II, dépressions, stress, grandes fatigues, hyperactivité avec déficit de l'attention, myopie, asthme ou encore Des retards au plan du développement d'habiletés motrices et d'aptitudes sociales)
De nos jours, cette problématique concerne surtout les pays les plus industrialisés, et notamment les enfants. Des enquêtes et des études scientifiques apportent régulièrement de nouvelles preuves, pistes et hypothèses.

En France, c’est le FRENE (réseau français d’éducation à la nature et à l’environnement) qui a pris ce sujet en mains à travers la coordination de la dynamique « Sortir! ». Il rédige une synthèse s’appuyant sur des études, des enquêtes et des expériences réalisées en France et plus largement en Europe, où les études pointent également vers les problèmes que pose l’éloignement de la nature.

Vous trouverez ci-joint la synthèse du FRENE sur le Syndrome de manque de nature : chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://frene.org/wp-content/uploads/2021/07/Syndrome-manque-nature-FRENE.pdf

Plus localement, nous intervenons régulièrement auprès des jeunes en Savoie, et nous travaillons la plupart du temps en extérieur, qu’il s’agisse de les emmener en montagne sur plusieurs jours avec nuitées ou d’interventions ponctuelles en classes. C’est lors de ces interventions pédagogiques que nous avons remarqué que de nombreux jeunes chambériens (souvent issus des QPV) ne connaissaient pas ou trop peu l’environnement montagnard qui les entoure. Leur vision de la montagne est surtout synonyme « d'effort, d'ennui et de difficultés » et la nature plutôt un simple élément de décor. En effet, les cours d’école, collège ou lycée sont souvent bétonnées et laissent peu de place à des coins de natures, qui sont eux même mit à distance des élèves par soucis d’hygiène (aller dans la terre c’est « sale », les jeunes risquent de se faire gronder.) Il a été parfois difficile de mener une activité dans l’herbe car les jeunes avaient peur de s’asseoir dessus par peur et dégoût : ils risquent de se salir, il y a peut-être des petites bêtes etc. Le constat de cette déconnexion des jeunes du territoire avec leur environnement local est appuyé par des observations similaires de la part des parcs naturels régionaux du massif des Bauges (PNRMB) et de Chartreuse (PNRC).
Ce qui a été fait dans l'expérimentation
(Les étapes réalisées)
Septembre 2023 : Premier contact avec les enseignantes du collège de Bissy pour leur proposer le projet.

Octobre 2023 : Réunion avec les enseignantes pour définir les attentes de chacune, ainsi que les critères d’évaluation. Une rencontre est prévue pour expliquer le projet au chef d’établissement et lui obtenir son accord. Une autre rencontre est prévue avec les parents pour la présentation de l’observatoire et de la classe à ciel ouvert.

Novembre 2023 - 1ère séance de classe à ciel ouvert : Présentation, découverte et détermination du lieu dans l’arrière cours du collège : un espace de verdure avec des arbres, formulation des consignes, première évaluation des attentes et ressentis des élèves

Décembre 2023 - 2e séance de classe à ciel ouvert : Ateliers autour du feu (mise en place du feu sur brasero, utilisation des sens, vocabulaire, démarche scientifique, rédaction d’une demande d’autorisation de faire du feu auprès du directeur, lecture…).

Février 2024 - 3e séance de classe à ciel ouvert : 3 ateliers dirigés complémentaires autour du changement d’échelle (observation des éléments naturels de loin, de près et à la loupe, lecture et écriture sur le thème « avec la taille d’une fourmi », moment personnel) et première tentative de jeu libre sur une courte durée.

Début mars 2024 - 4e séance de classe à ciel ouvert : starter organisé par les jeunes de la 6e2, fabrication d’une planche pour un programme de science participative (manipulation d’outils, coopération, travail en groupe).

Fin mars 2024 - 5e séance de classe à ciel ouvert : 2 ateliers dirigés (cadre de la biodiversité et Poésies), session de jeu libre auto-dirigé de 25 minutes.

Début mai 2024 : 6e séance de classe à ciel ouvert : évaluation pour l’observatoire, atelier dirigé avec identification d’escargots, atelier de jeu libre auto-dirigé de 15 minutes.

A venir : 2 séances de classe à ciel ouvert au collège de Bissy et séance finale avec une nuitée au parc du Forezan.

Chaque séance est suivie d’un bilan à chaud avec les enseignantes sur ce qui a fonctionné ou non, les éléments clés de la séance ainsi que la préparation de la séance suivante. Ce système a permis aux enseignantes de se sentir de plus en plus à l’aise au fil des classes à ciel ouvert, autant dans le contenu que dans leur posture.

Au fil des séances, la classe « A ciel ouvert » s’est stabilisée sur le déroulé type suivant :

- Une « entrée en classe à ciel ouvert » : les élèves sortent le matériel de classe à ciel ouvert jusqu’à l’endroit où se déroule la séance. En cercle, un rappel des consignes de la classe dehors, suivi d’un starter organisé par les élèves. Ensuite, les différentes activités sont annoncées et nous partons en atelier.
- Un atelier dirigé : C’est un temps animé par l’enseignante de Français et ou de SVT (avec l’animatrice nature en soutien) qui suit le programme scolaire selon les matières choisies. Cet atelier est réalisé en extérieur bien sur, en lien avec la nature.
- Un temps de jeu libre auto-dirigé : C’est un temps qui peut se vivre seul ou à plusieurs. Les jeunes sont encouragés à faire un projet à moyen terme qui se fera uniquement sur ce temps (construction, découverte, objectif d’apprentissage ou de forces). Pendant ce temps, les accompagnatrices sont en observation des élèves pour identifier des compétences du programme qu’ils apprennent en autonomie, ainsi que les centre d’intérêt des jeunes qui feront l’objet d’atelier dirigé lors des futures séances.
- Un temps de bilan : les élèves écrivent dans leur journal de bord une chose sur soi, une chose sur un camarade et une chose sur l’environnement qu’ils ont appris pendant la séance. Enfin, il peut y avoir un temps de parole en cercle pour s’exprimer devant le groupe afin de conclure.
- La fin de la classe « A ciel ouvert » : Les jeunes rentrent le matériel dans la classe et partent en récréation .
Ce que l'expérimentation a permis pour les jeunes
(Expliquez nous votre méthode d'évaluation en lien avec vos critères/indicateurs)
Afin d’évaluer l’impact de la classe à ciel ouvert sur la santé des jeunes, il nous semblait important de redéfinir ce qu’on entendait par « santé ». Nous nous sommes donc appuyé sur la définition de la santé par l’OMS : « Un état de complet de bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».
Nous compléterons cette définition par celle des compétences psycho-sociales par l’OMS :
 « la capacité d'une personne à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne. C'est la capacité d'une personne à maintenir un état de bien-être psychique et à le démontrer par un comportement adapté et positif lors d'interactions avec les autres, sa culture et son environnement ». (WHO, 1994). 

Ainsi, nous baserons notre évaluation de l’impact de cette expérimentation sur la santé des jeunes sur les trois axes suivants : le vivre ensemble, la coopération ; l’autonomie de l’élève ; le bien être physique et mental.



Vivre ensemble, coopération :

J’emploierais ici le mot « mixte » pour désigner des groupes de jeunes qui ne sont pas seulement « entre copains-copines »

Nous souhaitons évaluer la facilité avec laquelle ces élèves peuvent travailler avec tous et toutes.
Pour cela, un questionnaire sera donné aux jeunes, pour qu’ils notent de 0 à 10 à quel point ils sont à l’aise de former des groupes avec n’importe qui dans la classe. Un questionnaire du même type sera également donné à leurs enseignants.
Indicateur de réussite 1: le déplacement moyen des notes attribuées par l’ensemble des élèves et des enseignants sur la facilité à créer des groupes mixtes entre le début et la fin du projet, vers plus de facilité.

Pour chaque séance, nous estimerons en classe « A ciel ouvert » le temps passé à former des groupes mixtes, en relevant toutes remarques des élèves concernant cette mise en groupe.
Pendant les temps de jeu libre, nous observerons également la composition des groupes formés spontanément.
Indicateur de réussite 2: Diminution significative du temps de mise en groupe. Diminution des remarques négatives et augmentation des remarques positives.

Enfin, nous pourrons lire dans leur journal de bord ce qu’ils retiennent des uns et des autres dans l’évaluation régulière « une chose que j’ai appris sur quelqu’un d’autre ».
Indicateur de réussite 3: Les écrits sont variés, positifs, et décrivent des choses personnelles (qui ne peuvent pas être su sans discussion).

Nous porterons une attention sur les conflits qui ont lieu au sein de la classe, ainsi qu’à leur gestion plus ou moins autonome (intervention de l’enseignant ou non). Ces observations seront également demandées aux autres enseignants de cette classe.
Indicateur de réussite 4: L’ensemble des élèves et enseignants trouvent qu’il y a peu de conflit au sein de la classe, la fréquence des conflit diminue significativement au cours de l’année.

Autonomie de l’élève :


Nous souhaitons que les élèves de 6e 2 deviennent pleinement acteur de cette classe « à ciel ouvert ». C’est pourquoi au fil des séances, les enseignantes se sont organisées pour leur laisser des temps de préparation de la classe à ciel ouvert afin qu’ils animent eux même certains temps. Nous observerons la spontanéité des jeunes à être volontaire pour ces animations, et la façon dont ils s’approprient ces temps de classe.
Indicateur de réussite 5.1 : Lors de la dernière séance, les élèves demandent spontanément aux enseignates d’animer le starter. De plus,Les adultes n’ont plus besoin d’attribuer des taches aux élèves concernant la gestion du matériel (chariot « a ciel ouvert », carton des « sous-cul » et planchette, malle du jeu libre).

Une autre façon d’observer si les jeunes se sont approprié la classe dehors, est d’observer leurs habits. En effet, s’approprier la classe dehors, c’est anticiper la météo et donc les vetements à porter qui vont avec. Nous observerons donc si les jeunes ont des habits adaptés aux conditions extérieures (possibilité de bouger, de se salir, d’être au chaud, peu importe la météo).
Indicateur de réussite 5.2 : > 60 % des élèves ont des habits adaptés aux conditions extérieures lors de la dernière séance.


Être autonome, c’est aussi décider de passer du temps seul, sans l’avis d’un groupe. Nous observerons au cours des temps de jeu libre auto-dirigés si des élèves passent du temps seul.
Indicateur de réussite 6: Augmentation du nombre de jeunes qui passent du temps seul volontairement pendant le jeu libre.

Bien-être physique et mental :


La classe « A ciel ouvert » se fait sur les deux premières heures de la journée (de 8 à 10h). Les élèves du collège de Bissy ont l’habitude d’avoir quelques minutes de battement entre deux cours pour passer d’une salle à une autre. Ces minutes de « pause » sont importantes pour l’élève au point qu’ils nous les réclament spontanément lorsqu’ils entendent la sonnerie entre les deux heures. Nous avons décidé de prêter attention à cette requête en la leur accordant si ils nous la demandait.
Nous observerons si cette demande se perpétue dans le temps ou non pour évaluer leur attention et leur plaisir à être dans cette classe à ciel ouvert. Indicateur de réussite 7: Plus aucun jeune ne demande à faire de pause entre les deux heures.

« Un cerveau qui fonctionne bien, c’est un cerveau qui a une attention qui fonctionne bien. » (Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche à l’INSERM, spécialiste de l’attention ).
Nous faisons un lien entre la santé des jeunes et leur attention. C’est pourquoi nous souhaitons évaluer leur niveau d’attention pendant, et après une séance de classe « A ciel ouvert ».
Indicateur de réussite 8 : Lorsque les jeunes sont en classe dehors, ou lors des cours qui suivent une séance, les enseignants répètent moins les consignes, et ressentent une meilleure attention globale dans la classe que lorsqu’il n’y a pas classe « A ciel ouvert ».

Nous souhaitons évaluer le niveau de stress général des élèves, et si ils font un lien entre être dehors et une diminution de ce niveau de stress.
A travers un sondage, nous poserons plusieurs questions concernant leur niveau de stress au quotidien ainsi que leur manières le gérer pour relever si ils évoquent la nature dans ce genre de moment. Nous demanderons également aux enseignants de cette classe via un questionnaire leur avis sur le niveau de stress du groupe et si ils sentent une différence entre aujourd’hui et le début d’année.
Indicateur de réussite 9 : Le niveau de stress général de la classe est globalement bas, les élèves se sentent en moyenne jamais ou rarement stressés. Des élèves mentionnent le fait d’aller dehors pour se calmer lorsqu’ils se sentent stressé ou anxieux.

Le bien être est un état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l'esprit (Larousse). Nous souhaitons évaluer si l’élève ressent du bien-être lors de ces séances « à ciel ouvert ».
Dans un premier temps, nous observerons les jeunes pendant les séances : expressions non verbales comme le sourire, le rire, la gêne, les bâillements, mais aussi leurs attitudes et activités physiques si ils courent, sont refermés sur eux mêmes, si ils se lancent des défis etc.
Indicateurs de réussite 10: L’ensemble de la classe « A ciel ouvert » est réalisée dans la joie. On pourra remarquer des rires et des sourires sur les visages, ils se sentent globalement à l’aise pendant ces temps.

Ensuite, Nous demanderons aux jeunes à travers un sondage s’ils apprécient ces temps de classe et s’ils souhaiteraient continuer ce dispositif l’année prochaine.
Indicateurde réussite 11 : Plus de 70 % des jeunes estiment que la classe « à ciel ouvert » leur fait du bien et souhaiteraient continuer l’an prochain.

De plus, nous proposerons lors d’une séance, un scénario dans lequel la classe « a ciel ouvert » serait annulé, et nous leur demanderons de quelle façon ils réagiraient si on leur annonçait qu’ils n’avaient finalement plus classe « A ciel ouvert » avec la méthode « tête, cœur, corps ».
Indicateur de réussite 12: Dans le scénario d’une classe « A ciel ouvert » annulée, plus de 50 % des jeunes éprouveraient un sentiment désagréable lié à de la frustration.


Enfin, nous suggérerons aux jeunes un ensemble de mots à choisir sur ce que leur évoque l’école « a ciel ouvert ». Ces mots seront répartis en plusieurs catégories du champ lexical de la santé : émotions, activité physique, et autre.
Indicateurs de réussite 13: ≥ 50 % des jeunes mentionnent au moins deux mots qui font référence à une activité physique et ≥ 50 % des jeunes mentionnent au moins deux mots qui décrivent une émotion positive pour décrire la classe « à ciel ouvert ».
Ce que l'expérimentation a permis pour les jeunes
(Qu'est ce qui a bougé/ qu'est ce que l'expérimentation a permis)

Vivre ensemble, coopération


Résultats des sondages : La note moyenne des élèves concernant la difficulté à se mettre en groupe est de 4,7 en début d’année et de 2 en fin d’année. 0 = très facile, 10 = très difficile.
Lien avec l’indicateur de réussite 1 : Le déplacement moyen des notes attribuées par l’ensemble des élèves sur la facilité à créer des groupes mixtes est de 2,7/10 entre le début et la fin du projet vers plus de facilité. Notre indicateur semble donc validé.

Résultats des observations  concernant la formation de groupes mixtes: Lors de la première séance, nous avons demandé aux jeunes de former des groupes entre ceux qui ne travaillent pas souvent ensemble. La consigne n’avait pas été très bien respectée : la plupart des jeunes ont formés des groupes « habituels » selon les enseignantes, et a fait l’objet d’un « cailloux » (terme qui désigne une chose que l’on a pas apprécié) lors du temps de bilan. Les groupes ont été formés par le hasard par la suite (regroupement par mois de naissance, par la première lettre de l’alphabet, par cartes …) Au départ, les jeunes manifestaient ouvertement leur joie d’être avec leurs copains et leur mécontentement de ne pas choisir leurs coéquipiers si ce n’était pas le cas. A partir de la 3e séance, les jeunes continuaient de manifester leur joie d’être avec leurs copains, mais ne faisaient plus de remarque quand ce n’était pas le cas.
Au début et à la fin de la classe, lorsque nous sommes en cercle, nous avons observé que les jeunes se mettaient toujours à coté des mêmes personnes. Ce constat n’a pas évolué entre le début et la fin d’année.
Lors du jeu libre auto-dirigé, nous avons observé une différence entre la première session de 5 minutes en décembre et les deux dernières. Le premier temps de jeu libre s’apparentait à une récréation, et nous observions une très nette séparation des groupes : Un groupe de garçon qui discutait au sol, un groupe de fille qui discutait dans les arbres, un autre groupe de garçon qui se sont découragés de grimper dans l’arbre parce que les filles y étaient. Lors des deux dernières sessions, les groupes se sont formés selon les centres d’intérêts de chacun pour les objets de la malle pédagogique (jumelles, corde, loupes…). On avait alors une scission beaucoup moins nette des groupes filles et garçons par rapport à la première fois.
Le lien avec l’indicateur 2 : Nous n’avons malheureusement pas pu compter les temps de mise en groupe. Cependant, nous avons pu constater une plus grande facilité pour les jeunes à accepter les groupes mixtes en école à ciel ouvert, même lorsqu’ils ne sont pas choisis.
Les temps de classe à ciel ouvert qui ressemblent le plus aux classes classiques sont les temps plénière en cercle (entrée en classe dehors, debriefing des activités, explication des consignes etc). Durant ces temps, les élèves ont du mal à se mélanger. Cependant, on observe pendant les temps libre une plus forte mixité de groupe qui se fait spontanément.
Nous ne pouvons pas affirmer que ce sont les classes « a ciel ouvert » qui ont permis cette amélioration de formation de groupes mixtes. Cependant, la classe a évolué dans ce sens, et nous pouvons faire l’hypothèse que les jeux de démarrage des séances, les brises glaces, et les temps de jeux libre auto-dirigés ont encouragés les élèves de la 6e2 à se mélanger.


La lecture des journaux de bord nous informe que les choses que les élèves apprennent les uns des autres sont en grande partie des savoir faire positif en lien avec la séance : « Anamée sait très bien planter les clous » ; « Zoé sait très bien tirer la corde » « Théo sait bien monter aux arbres ». Nous avons en minorité des informations plus personnelles : « Roman a 17k sur Brawl star » , « Jean a construit des chars pour le carnaval ».
Les élèves écrivent bien des choses variées et positives sur les autres, mais qui relèvent plus de l’observation que de la discussion. On peut en conclure qu’ils prêtent attention aux autres pendant la séance, mais qu’ils ne discutent pas vraiment entre eux. L’indicateur 3 semble donc partiellement validé.

Les 6e 2 sont une classe globalement calme. Aucun conflit n’a été observé pendant les classes « à ciel ouvert », le niveau de conflit est évalué à 2,5/ 10 par les deux enseignantes encadrantes. (0= jamais de conflit, 10= tout le temps des conflits). Cependant, nous n’avons pas suffisamment de données pour faire le lien entre la classe « A ciel ouvert » et le peu de conflits remarqués.
L’indicateur de réussite 4 n’est donc pas vérifié (mais pas infirmé non plus).

L’autonomie de l’élève 


Au fil des séances, nous observons que les élèves sont davantage moteurs des premiers temps : ils rappellent eux même les consignes et se portent volontaires pour apporter le matériel (cette dernière action doit être encore accompagnée par les encadrantes). De plus, lors de la sonnerie de fin des dernières séances, les jeunes sont partis en récré sans penser au matériel.
Pour l’animation du starter, nous observons une véritable différence entre la première et la dernière fois qu’ils ont pris en main l’animation de ce temps. Au départ, le groupe en charge de l’animation ne l’avait pas très bien préparé, la proposition était timide et il n’a finalement pas pu la terminer. Lors des dernières séances, la qualité et le sérieux de l’animation se sont beaucoup améliorés, ce qui nous a offert un moment très convivial et joyeux pour commencer la classe « A ciel ouvert ».
Notre indicateur 5.1 semble donc partiellement validé : les jeunes ne s’approprient pas tout à fait la gestion du matériel mais ils sont plus autonomes et investis concernant l’animation du premier temps de classe.

A propos des habits, la première séance en novembre avait été marquée par une très mauvaise adaptation des vêtements aux conditions extérieurs. Seulement 4 jeunes sur 22 étaient équipés de gants. A la fin de la séance, la plupart des jeunes ont fait remonté qu’ils avaient souffert du froid. Dès la seconde séance, les jeunes étaient un peu mieux équipés. Trop peu encore portaient des gants, mais les remarques concernant le froid se faisaient plus rares. Lors des deux dernières séances il pleuvait et la plupart des jeunes avaient soit un parapluie, soit une veste imperméable. 15 jeunes sur 21 portaient un équipement adapté à la pluie lors de la dernière séance, soit 70 %.
Notre indicateur de réussite 5.2 semble donc valide, les jeunes anticipent mieux la séance et s’habillent en fonction.

Nous avons eu peu d’occasion d’explorer le temps de jeu libre auto-dirigé. Passer du temps seul dans les temps de classe n’est pas facile pour les élèves de la 6e2, comme nous l’a montré une experience d’un temps « mon moment à moi », où le but était de passer 5min tout seul dans un coin de nature pendant la classe à ciel ouvert lors de la Deuxième séance. Ce temps seul n’a pas été respecté, les jeunes finissaient par se regrouper pour discuter ou faire les choses ensemble.
Le temps seul s’apprend doucement, entre autre dans le jeu libre auto-dirigé. Nous n’avons pas encore exploré ce temps suffisamment de fois pour observer des jeunes s’isoler volontairement pour leurs activités.
Notre indicateur 6 ne pourra pas être validé par faute de temps.

Le bien être physique et mental


Lors des 2e et 3e séances, les jeunes nous ont demandé de faire une pause pour se défouler, et nous leur avons accordé. Lors de la 4e séance, les jeunes ont été tellement absorbés par l’activité dirigée qu’ils ne nous ont pas réclamé cette pause. Les séances suivante, nous avons introduit le jeu libre auto dirigé. Depuis que ce temps a été établis dans la classe « A ciel ouvert », les jeunes ne nous ont plus demandé de faire une pause.
L’indicateur de réussite 7 semble donc validé.

En ce qui concerne l’attention des jeunes, les enseignantes encadrantes remarquent peu ou pas de changement entre une classe classique et la classe « à ciel ouvert ». Nous n’avons pas récupéré les retours des autres enseignants de la classe des 6e2 pour comparer l’attention des jeunes les jeudi avec et les jeudi sans classe dehors.
Nous avons par ailleurs observé une diminution des temps consacrés aux consignes lors des séances à ciel ouvert depuis la 4eme séance, ce qui va dans le sens d’une plus grande attention de la part des élèves lors des séance dehors. Ces consignes changeaient d’une séance à l’autre, il ne s’agit donc pas du résultat d’un simple apprentissage. De plus, certains élèves se disent plus attentif en classe « A ciel ouvert » : « A ciel ouvert te fait penser qu’à ça et pas à d’autres cours » ; « Sans s’en rendre compte, on écoute mieux le cours et du coup on apprend mieux ».
L’indicateur 8 est donc partiellement vérifié.

A propos du stress des élèves, les enseignantes encadrantes trouvent que la classe est globalement peu stressée (avec une note moyenne de 2/10. 0 = Pas du tout stressé, 10 = Très stressé.) et qu’il y a peu de différences entre le début d’année et aujourd’hui.
Les résultats du sondage donné aux élèves montrent qu’ils ressentent globalement peu ou pas de stress (7 ont répondu « jamais », 11 « rarement » et 4 « souvent »).
Lorsqu’on leur demande ce qu’ils font lorsqu’ils sont dans un état de stress, ils répondent dans la plupart des cas qu’ils pensent à leur respiration. Plusieurs d’entre eux font aussi référence au fait d’aller dehors pour se sentir mieux. « Prendre l’air » ou « me défouler dans le jardin » par exemple.
L’indicateur 9 est en parti vérifié.

Depuis le début du projet, nous avons souvent observé des sourires ou des rires chez les jeunes, notamment dans les temps de starter, ou pendant les ateliers (dirigés et libres). Les bilans avec les enseignantes mentionnent souvent la présence de la joie au cours de la classe « A ciel ouvert ». « Une séance pleine de rires », « les élèves sont enthousiastes ». Si certains peuvent exprimer de la déception lorsqu’il pleut ou qu’il fait froid, l’ensemble de la classe reste généralement très enjouée lorsqu’elle va en classe dehors. De plus, nous avons posé au sol une bâche des émotions afin de relever les émotions qu’ils ressentent à la fin d’une séance à ciel ouvert, voici leurs réponses :
7 « plein d’énergie » ; 3 « content » ; 3 « calme » ; 1 « vivant » ; 1 « Passionné » ; 1 « motivé » ; 1 « optimiste » ; 1 « inspiré » ; 1 « déçu » ; 2 « bien ».
Ces éléments nous laissent penser que notre indicateur de réussite 10 est validé.

Les résultats du sondage donné aux jeunes concernant leur appréciation de la classe « a ciel ouvert » sont les suivants : 90 % des jeunes de la 6e2 estiment que la classe dehors leur fait du bien. Entre autre, dû au fait d’être en extérieur :« parce que je suis plus proche de la nature et de la végétation », , « Parce que des fois, on a besoin de souffler (prendre l’air) et c’est cool de travailler proche de l’environnement », de pouvoir bouger :« parce que pendant l’école à ciel ouvert, on peut se dépenser et apprendre plein de nouvelles choses », « J’apprends autrement que sur une chaise toute la journée », de s’amuser et rigoler, d’apprendre différemment « ça me permet de découvrir plein de choses et de s’amuser en apprenant », « A l’extérieur, on s’amuse, on rigole, on fait plein de choses qu’on ne peut pas faire à l’intérieur, et c’est ce qui rend l’école à ciel ouvert super », « car c’est bon pour la nature et pour le corps ».
De plus, 87 % des jeunes souhaiteraient continuer l’an prochain. Les raisons principales sont le fait qu’ils ont l’impression d’apprendre mieux : « Comme ça, je pourrais retenir des choses que je ne retiens pas en cours normaux », « Car je pense mieux me concentrer »; parce qu’ils veulent apprendre plus de choses sur les autres et la nature; pour les méthodes pédagogiques utilisées « Car lorsqu’on fait école à ciel ouvert, on travaille différemment »; parce qu’ils aiment être dehors : « C’était agréable d’être dehors », « Je trouve que c’est mieux d’apprendre dehors plutôt qu’à l’intérieur », « Parce que je préfère être dehors que d’être dedans »; et enfin, parce qu’ils ont aimé ces temps de classe : « C’est incroyable » ; « Car j’aime bien en faire ». Par ailleurs, seulement 2 élèves indiquent ne pas avoir apprécié l’expérience, un sans plus de justification et l’autre du fait de difficultés à se concentrer.
Notre indicateur 11 semble donc validé.

Jeudi dernier, nous avons mis les jeunes en condition :« Et si la classe à ciel ouvert était finalement annulée aujourd’hui ? », et nous leur avons demandé ce qu’il se passerait pour eux sur Trois niveaux : la tête (les pensées, les reflexions et analyse de la situation), le cœur (comment je me sent, quelles émotions me traversent ? ) et le corps (qu’est-ce que j’ai envie de faire ? ). Voici les mots qui sont revenus : 6 « Déception », 6 « tristesse », 4 « content car il pleut », 3 « étonnement », 2 « en colère », 1 « pas libre », 1 « ennuyé », 1  « contrarié » , 1 « content » et 1 « mécontent ».
Dans l’ensemble, environs 76 % de la classe ont exprimé ressentir au moins une émotion désagréable lorsqu’il se projettent dans un scénario de classe dehors annulé (hors stress lié à l’imprévu). De plus, un tiers de la classe a manifesté une envie de sortir dehors malgré la pluie. Notre indicateur 12 semble donc largement vérifié.

Sur l’ensemble de mots que nous avons suggéré aux jeunes, Les mots qui reviennent le plus souvent sont « rigoler », « Être proche de l’environnement », « Grimper », « Agréable », « Bien être » et « Bon pour ma santé ».

Voici en détail ceux qui ont été entourés (n= le nombre de fois où le mot est entouré):

Emotion n Emotion n Activité physique n Autre n
Décevant 0 Sécurité 5 Se dépasser 6 L'occasion de m'exprimer 10
Agréable 13 Tranquille 10 Grimper 16 Difficile 0
Ennuyant 2 Triste 0 Sauter 6 Des cours 8
Nul 0 Super 12 Rester assis 2 Médical 0
Se faire confiance 10 Dangereux 0 Courir 11 Sain 6
Rigoler 17 Bien être 12 Me dépenser 11 Des défis 10
Surprenant 9 x x Danser 1 Proche de l'environnement 16


Nous avons 19 jeunes soit 86 % de la classe qui ont entourés au moins 2 mots faisant référence à une émotion positive, et 15 jeunes (68 % de la classe) qui ont entouré au moins 2 mots faisant référence à une activité physique. Notre indicateur 13 est donc vérifié.
Ce que l'expérimentation a permis pour les professionnels
(Expliquez nous votre méthode d'évaluation en lien avec vos critères et indicateurs)
L’école à ciel ouvert peut être déstabilisante au début. Les enseignants qui se prêtent à l’exercice peuvent éprouver des difficultés du fait d’être dans un cadre différent de la classe en intérieur, et peuvent compenser par une volonté de faire beaucoup d’ateliers, ou de vouloir « tout contrôler », en particulier le temps de jeu libre auto-dirigé dans lequel les élèves sont moteurs de leurs activités et les enseignants sont dans une posture d’observation et d’accompagnement.
Au fil des séances et en bilan, nous observerons les postures des enseignantes Stéphanie et Clémence, les contenus qu’elles souhaitent aborder en une séance, et leur ressenti.
Indicateur de réussite: Les enseignantes expriment des ressentis positif qu’elles ont vécus pendant ou en lien avec la séance. Le temps pendant lequel les enseignantes font preuve de lâcher-prise au cours d’une séance augmente. Les enseignantes s’approprient de nouvelles méthodes pédagogiques pendant ce temps de classe.
Ce que l'expérimentation a permis pour les professionnels
(Qu'est ce qui a bougé/ qu'est ce que l'expérimentation a permis)
Lors des premières séances de « A ciel ouvert », notre programme était très chargé avec entre autre 3 ateliers dirigés tournants assez complexes (beaucoup de choses à faire par atelier en 20 min). Lors de la deuxième séance, nous avons chacune re-questionné nos rôles et nos postures car le déroulé de la séance était assez inconfortable pour toutes. Une fois ces marques redéfinies, tout est allé très vite car les enseignantes ont été très investies depuis le début du projet, ce qui a permis à la classe « A ciel ouvert » de faire des liens avec les classes « classiques » : On prépare des classes dehors en amont via un conseil coopératif, ou en rédigeant une charte de sécurité pour la grimpe d’arbre, ou encore on prépare certains ateliers dirigés (notions de vocabulaire sur les escargots pour pouvoir les identifier une fois dehors, rédaction de poésies pour pouvoir les réciter en utilisant son environnement…) Ou bien on amorce des sujets en classe dehors pour les travailler ensuite à l’intérieur (fabrication des planches en bois pour commencer les séances de science participative autour des escargots, observation de l’environnement et création du squelette d’un récit à partir des observations pour travailler son écriture…)

Les enseignantes ont vite saisi la façon de faire ce lien entre le dehors et le dedans, ce qui leur a permis d’aborder les séances avec plus de sérénité, et décharger les séances de classe dehors (nous ne faisons plus qu’un ou deux ateliers dirigés maximum par séances).

Leurs marques prises, les enseignantes ont davantage pris une posture d’observatrices face aux jeunes, et se sont régulièrement émerveillées de ce qui ressortait de cette aventure. « J’ai adoré observer les phénomènes de groupes lors de la fabrication des planches », « Ça me confirme qu’ils sont vraiment capable de prendre le lead sur les séances petit à petit ! », « J’aurais pu passer des heures entière à regarder Albion observer les escargots ».

Leur implication dans le projet, leur capacité d’adaptation rapide et « facile » au format de la classe « A ciel ouvert » et leur envie d’aller même plus loin en proposant une nuitée au parc du Forezan pour conclure l’année avec cette classe sont autant d’éléments à prendre en compte pour affirmer que Stephanie et Clémence ont pris plaisir à faire partie de cette aventure. La mise en place du jeu libre auto dirigé a encore une fois bousculé les postures des enseignantes : « On est dans l’exploration (notamment avec le jeu libre aujourd’hui ) et le lâcher prise. ».

C’est finalement ce « lâcher prise » et la permission d’une « plus grande créativité pédagogique » qui marquera les enseignantes dans leur façon de faire classe avec les 6e2, ainsi que l’envie de faire davantage de classe dehors, en dehors de ce projet, en particulier pour des élèves présentant des difficultés pour qui « la classe à ciel ouvert donnerait vraiment du sens à leurs apprentissages ».
Ce que l'expérimentation a permis pour la structure
(Expliquez nous votre méthode d'évaluation en lien avec vos critères/indicateurs)
Dans l’association Mountain Riders, nous abordions déjà la place du dehors dans l’éducation. Que ce soit pour faire vivre une experience de plusieurs jours en montagne avec nuit dehors, ou lors d’interventions pédagogiques, nous sommes convaincu qu’il s’y passe quelque chose qu’on ne retrouve pas entre quatre murs.
Nous abordons le thème de santé-environnement depuis quelques années, et ce projet nous permettra de s’ancrer davantage sur cette question.
Ce que l'expérimentation a permis pour la structure
(Qu'est ce qui a bougé/ qu'est ce que l'expérimentation a permis)
L’observatoire, grâce à sa méthode d’expérimentation, nous a permis de prendre du recul vis à vis de nos interventions en extérieur, en nous encourageant à faire ce travail d’évaluation sur une période d’un an.

Nous avons travaillé ces critères et indicateurs à propos de la santé chez les jeunes que nous pourrons réutiliser dans d’autres projets du même type, afin de constituer des données locales de plus en plus solides.
Ce travail a donc constitué pour nous une véritable prise en main de la question de la santé chez les jeunes, en approfondissant nos modes d’évaluation.
Les résultats de votre expérimentation
(Écarts ou non écarts entre votre constat de départ et les résultats, ce qui est vérifié/ consolidé ou non etc.)
Constat de départ : « Les jeunes ne vont pas dehors, ils sont déconnectés de leur environnement ».
Aujourd’hui : A première vue, les jeunes de la classe de 6e2 avaient l’air plutôt habitué à aller dehors. La plupart avaient déjà campé, fait du feu ou grimpé dans des arbres. Pourtant, il a fallu apporter des outils pédagogiques pendant le temps de jeu libre pour qu’ils interagissent avec leur environnement, que ce dernier devienne « le jeu » et pas seulement « le terrain ». Nous faisions école « à ciel ouvert » dans une arrière cours du collège végétalisée pourtant les élèves n’ont pas le droit d’aller dans ce coin en tant normal. Enfin, il y a plein d’activités simples qu’ils semblaient découvrir pour la première fois (regarder les oiseaux avec les jumelles, caresser la coquille d’un escargot, reconnaître une fleur de trèfle…).

Hypothèse de départ : faire classe dehors améliore la santé des jeunes :

  • Les jeunes apprennent mieux dehors : Les jeunes prennent plaisir à être dehors, ils ont l’impression d’apprendre autrement, et d’apprendre en rigolant. C’est lorsqu’on prend plaisir à apprendre que l’on apprend le mieux. Être dehors a très probablement un lien avec un meilleur apprentissage des jeune.
  • Les jeunes se mélangent davantage : La classe dehors, à travers les méthodes pédagogiques utilisées en temps d’activité dirigées ou lors des temps libres encouragent la mixité des groupes. Nous ne pouvons pas conclure cependant si cette mixité est vraiment en lien direct avec le fait d’être en extérieur.
  • Les jeunes sont plus autonomes : Il a été malheureusement plus difficile d’accompagner les jeunes vers plus d’autonomie à travers ce projet. Peut-être qu’une pratique plus régulière permettrait d’améliorer ce point.
  • Les jeunes ressentent plus de bien être : Comme nous le montrent nos différents indicateurs, la diversité des méthodes pédagogiques, le fait d’être au contact de la nature, de prendre l’air et de pouvoir bouger font ressentir plus de bien-être chez les jeunes.
  • L’enseignement dehors participe aux 30 min d’activité physique quotidienne soutenues par le ministère : Sans être un cours d’EPS (Education Physique et Sportive), être dehors encourage la prise de l’espace à travers la course, la grimpe, les sauts etc. Nous avons vu que pour la plupart des jeunes, classe dehors rime avec sport !
Votre rapport d'étonnement
(Ce qui vous a surpris, ce qui a fonctionné et/ou dysfonctionné etc.)
Si aujourd’hui, en faisant classe dehors une fois par mois seulement, nous pouvons déjà constater une expression de bien-être chez les jeunes, nous ne pouvons qu’être optimistes en imaginant l’impact de la santé chez les jeunes avec une pratique de la classe dehors plus fréquente, par exemple à chaque semaine.

Nous n’avions qu’un créneau de 2h pour faire classe « A ciel ouvert », et nous avons réalisé que c’est un temps qui passe très vite. Ce laps de temps peut être frustrant autant pour les encadrantes pendant les ateliers dirigés que pour les jeunes pendant le temps de jeu libre.

La classe « A ciel ouvert » n’aurait sans doute pas eu le même impact sur le plaisir des élèves à venir en cours sans l’investissement de Stéphanie et de Clémence, les enseignantes de SVT et Français (et professeure principale) de la 6e2.
La suite
(Quels sont les éléments dont vous vous saisissez et comment vous imaginez la suite)
Grâce à cette expérimentation, nous avons pu tester, évaluer, affiner notre propre experience de l’école dehors.
L’expérience de ce projet avec un public de collégiens nous a permis de passer au-delà de certaines idées reçues, et nous ont conforté dans l’idée qu’il y a un véritable intérêt de faire classe dehors avec un public plus âgé (Les recherches actions concernant les classes dehors se font généralement sur un public de maternelles ou de primaires).

La principale difficulté résulte dans le temps de classe consacré au projet, les enseignants sollicités (trouver un créneau commun avec plusieurs enseignants motivés peut vite devenir un casse-tête) et le financement du projet.
Le fait d’avoir réalisé ce projet dans un collège peut servir de témoin et en inspirer d’autres (qui sont encore plus déconnectés de leur environnement) à essayer à leur tour.

Notre envie est de réitérer cette experience autant que possible et d’affiner les critères d’évaluation que nous avons commencé à travailler pour participer aux recherches actions qui existent sur le sujet de l’école dehors. Nous souhaitons aussi essaimer cette pratique le plus possible au sein du département.